Ingénieur dans le domaine ferroviaire, Alban Leymarie est avant tout passionné par la technique au service de la mobilité, et par le patrimoine industriel et touristique. Petit-fils du dernier conducteur du train à crémaillère de Luchon – Superbagnères, il en est aujourd’hui le gardien et rêve d’en être le promoteur, au sein d’un musée dédié.
J’ai toujours été fasciné par la technicité et l’esthétique de ce modede transport.
Comment vous est venue cette passion pour le train, et le train à crémaillère en particulier ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fasciné par la technicité et l’esthétique de ce mode de transport. Il faut dire que l’environnement familial a fourni des exemples inspirants à l’enfant curieux que j’étais. Mon grand-père était le dernier conducteur du chemin de fer à crémaillère de Luchon – Superbagnères. Mon père travaillait à la SNCF, à la fabrication des engins spéciaux de mesure et d’entretien des voies, qui m’intriguaient tant.
Ma famille étant originaire de cette belle vallée de Luchon, les conditions étaient réunies pour ce mariage entre chemin de fer et montagne ! Je me suis donc intéressé très jeune aux particularités de cette technique des trains à crémaillère, dont mon grand-père me parlait avec passion.
Après des études d’ingénieur menées en Occitanie, à l’école des Mines d’Albi-Carmaux, j’en ai donc fait mon métier. Après un stage au chemin de fer à crémaillère de la Rhune, j’ai créé une société d’ingénierie dans le domaine des infrastructures ferroviaires.
Nous avons eu le plaisir d’être Maitre d’Œuvre des travaux de régénération des infrastructures centenaires du train de la Rhune et, très récemment, de participer aux travaux de réouverture de la ligne Montréjeau-Luchon, menés par la Région Occitanie.

Qu’avait de particulier cette ligne ferroviaire à crémaillère entre Luchon et Superbagnères ?
Cette superbe ligne, dont on peut encore imaginer le parcours enchanteur qu’elle effectuait en forêt de Superbagnères en cheminant le long de sa plateforme à pied, avait deux particularités majeures : elle était à crémaillère et électrifiée dès son origine. Ces chemins de fer sont des systèmes très spéciaux, affrontant ce que redoutent le plus les trains : les fortes pentes. Cette technique a donc permis, au début du siècle dernier, la démocratisation de l’accès à des sites remarquables, jusque-là réservés à une élite sportive et pécuniaire (il fallait pouvoir se payer chevaux, guides et plusieurs jours d’excursion). En cela, elle a été le socle, le préalable à la création de la station climatique puis de sports d’hiver de Superbagnères, œuvre de développement touristique majeur voulue par la Compagnie des Chemins de Fer du Midi et son dirigeant visionnaire Jean-Raoul Paul.
Comment vous est venue l’idée de dédier un musée à Luchon au train à crémaillère ?
Cette initiative s’inscrit pleinement dans les possibilités offertes par la réouverture de la ligne Montréjeau-Luchon, conduite par la Région Occitanie, qui va donner un nouveau souffle à la vallée de Luchon et aux communes traversées.
Dans ce cadre, la Région a mené la rénovation de la gare de Luchon tout en y ménageant des espaces qui seront dédiés à l’accueil touristique, à la culture.
Je contribue depuis plus de 20 ans à la préservation de l’histoire du riche patrimoine ferroviaire du luchonnais, à travers diverses publications, conférences, etc. Je cherchais depuis quelques années à pérenniser l’espace muséographique ouvert en 2011 au sein du Grand-Hôtel de Superbagnères, pour toucher un plus large public.
La gare de Luchon, magnifiquement rénovée et porte d’entrée sur la ville, sera plus propice à la mise à disposition du plus grand nombre des collections que j’ai pu réunir, et notamment à l’exposition de matériel roulant provenant de notre ancienne ligne de Superbagnères.
Le train à crémaillère fait partie de l’Histoire de la vallée en tant qu’œuvre majeur de son développement au début du XXe siècle. Il constitue une part du patrimoine historique de Luchon qu’il est positif de valoriser à l’instar de ces communes ou régions qui valorisent leur passé industriel et touristique.
C’est un devoir de mémoire vis-à-vis de nos ainés et une source de fierté pour leurs enfants, qu’il convient de partager avec les visiteurs de la vallée qui arriveront à nouveau par le train.
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