L’autopartage passe la vitesse supérieure

Solidaire, écologique, accessible : en Occitanie, deux territoires ruraux expérimentent l’autopartage labellisé liO en réponse aux besoins de déplacement du quotidien : les Communautés de communes Aubrac Carladez Viadène et Pays d’Uzès.

Pourquoi posséder une voiture quand on peut la partager ? L’autopartage, c’est un véhicule à réserver à la demande, sans les frais ni les contraintes de la propriété. Cet automne, la communauté de communes Aubrac Carladez Viadène (CCACV) lance ce service à Laguiole (Aveyron), son principal bourg centre (1 200 habitants). Un véhicule électrique sera stationné près du Pôle Multi-services, accessible via l’application « Clem’ ».

Objectif : permettre à tous – non-motorisés, jeunes, familles, touristes – de se déplacer dans un rayon de 100 km, par exemple pour rejoindre Rodez et prendre un train ou un car liO (réseau de transport en commun de la Région Occitanie). Lauréate des programmes nationaux TIMS* et Avenir Montagne Mobilités, la CCACV entend avec ce projet, « proposer une alternative à la voiture individuelle, encourager les mobilités décarbonées et inciter les familles à vivre avec un seul véhicule. Il s’inscrit dans notre projet de territoire qui veut concilier transition écologique et cohésion sociale », résume Jean Valadier, président de la CCACV.

Avant de se lancer, la collectivité a passé en revue les initiatives de territoires voisins, comme le Parc naturel régional des Grands Causses. « Nous avons toutefois jugé essentiel d’élaborer notre propre dispositif à l’échelle de petits bassins de vie et de l’auto-évaluer sur un an », poursuit l’élu.

Crédit : Communauté de Communes Aubrac Carladez Viadène

Une dynamique qui roule

Chaque bourg-centre teste donc une solution différente : transport solidaire pour les publics fragiles, covoiturage entre salariés, transport d’utilité sociale avec des bénévoles et vélocargos pour les micro-crèches. 
Pour l’autopartage une aide TIMS de 27 000 € sur trois ans a financé le véhicule et une part de l’ingénierie. « La Région Occitanie a apporté un soutien déterminant, financier et technique, pour coordonner toutes ces expérimentations qui  construisent une offre globale cohérente », souligne Jean Valadier.

Dans le Gard, la communauté de communes du Pays d’Uzès (CCPU) a ouvert son service en avril 2025, avec deux véhicules électriques de marque française dont un utilitaire. Deux stations sont implantées, l’une près du centre social intercommunal à Saint-Quentin-la-Poterie et l’autre dans un quartier prioritaire d’Uzès, proches du réseau de car régional et du transport à la demande intercommunal, pour assurer intermodalité et inclusion. « L’autopartage s’inscrit dans notre dynamique lancée depuis cinq ans autour des mobilités : transport à la demande, pistes cyclables, location de vélos électriques à petit prix, etc. », explique Fabrice Verdier, président de la CCPU. « Co-construit avec le centre social, il cible en priorité les publics fragiles, tout en restant ouvert à tous, avec des tarifs de 0,75 à 3 € de l’heure. ».

La Communauté de communes du Pays d'Uzès (CCPU) a lancé son service d'autopartage en avril 2025

Une culture à faire germer

Bilan ? Sur le seul mois de juin, 45 réservations ont été enregistrées, soit 3 500 km parcourus (et 424 kg de CO2₂ évités), dont 75 % par des bénéficiaires de minima sociaux. Le service a coûté 80 000 € dont 22 000 € pour la CCPU. « Le fait qu’il soit labellisé liO renforce sa crédibilité et facilite l’accès à des cofinancements » souligne Fabrice Verdier. Le fonctionnement, assuré par le centre social via un abonnement (1 000 à 1 500 €/an), reste peu coûteux. Mais pour que l’autopartage roule, encore faut-il que les usagers se l’approprient. À Uzès, une vidéo pédagogique permet de lever les freins à l’usage de l’appli et au paiement en ligne. À Laguiole, des ateliers de sensibilisation ont notamment été menés avec la conseillère numérique communautaire. « L’appui humain est essentiel. Une communauté de communes a aussi la responsabilité de recréer du lien social, surtout quand il tend à se fragiliser », insiste Jean Valadier. Car l’autopartage, c’est aussi retisser des solidarités, tout en facilitant  l’accès aux services, à l’emploi ou à la santé.

L'autopartage en France

  • 1 million d’usagers (+11.5% en un an)
  • 13 862 véhicules (+3.7%)
  • 1 voiture partagée = 8 voitures évitées
  • +29% d’usagers prennent davantage le train, +22% le vélo, +38% la marche.
  • 80% le jugent plus économique que posséder une voiture

Baromètre national 2025

*TIMS – Pour une mobilité durable et inclusive. Tims est un programme qui vise à développer la mobilité durable et inclusive en France.

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